Histoires et Familles du Nord, tome III
de la Monarchie de Juillet aux premiers jours de la Troisième République
par Hervé Lépée
Septembre 2013, 35 €
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Dans son troisième ouvrage, l’auteur nous promène dans la région du Nord, en plein cœur du XIXème siècle. On découvre les encombrements des villes enserrées dans leurs remparts, de leurs portes jusqu’à leurs grand’ places où des chariots tirés par des bœufs sèment encore le désordre.
De nombreux ponts enjambent les canaux, même dans les rues les plus empruntées. Lorsque le soleil chauffe, ces égouts à ciel ouvert dégagent des odeurs pestilentielles et propagent de terribles maladies.
Sur les rives, les fabricants textile, fer de lance de l’industrie, se sont implantés pour pomper l’eau et alimenter leurs machines. Certains de ces entrepreneurs bâtissent d’immenses fortunes. L’un d’eux lègue une de ses quatorze fermes aux hospices de sa ville afin d’acheter des lits pour ses anciens ouvriers. Dans les fabriques, assourdis par le bruit des machines, les ouvriers – hommes, femmes, enfants - se trouvent terriblement exposés aux accidents de travail.
Le petit peuple vit dans des conditions extrêmes. Victor Hugo et Adolphe Blanqui découvrent l’indicible : nulle misère au monde n’est comparable à celle des habitants du quartier Saint-Sauveur, écrira Blanqui.
Les édiles pensent qu’en agglomérant ville et faubourgs les conditions de logements s’amélioreront, mais c’est un leurre.
Dans les faubourgs lillois, en moins de cinq ans, de longs boulevards quadrillent champs, prés, prairies, jardins et leurs tapis multicolores qui disparaissent sous des rangs d’habitations souvent uniformes.
Le chemin de fer bouleverse autant le paysage des campagnes que le paysage économique. C’est alors la ruée vers la houille : on se met à forer partout pour alimenter les machines.
Des entrepreneurs anglais ouvrent des usines dans les faubourgs, les Belges affluent pour y travailler. Les habitants de Wazemmes assistent éberlués au passage d’une chaudière monstre tirée par sept chevaux en sueur. Un peu plus loin, des bandes d’enfants se battent à coup de pierres et de tessons de bouteille. Tout autour, les cheminées des usines crachent des nuages épais sur les rythmes des métiers.
Les cabarets sont innombrables. Ils accueillent les réunions des sociétés de secours mutuels qui viennent en aide aux ouvriers malades, les sociétés musicales, mais aussi les notaires des campagnes alentours qui y tiennent régulièrement une étude annexe.
On respire ici l’odeur âcre du tabac et celle doucereuse de la bière fabriquée dans la centaine de brasseries de l’agglomération lilloise. Quand les brasseurs osent augmenter le prix du jus d’houblon, les buveurs se mettent en grève.
On y boit aussi de l’eau-de-vie. Profitant des maladies qui frappent le vignoble français, des distillateurs n’hésitent pas à expédier en Charente leur production d’alcool de betterave qui revient avec l’appellation de Fine Champagne…
Dans cette évocation de ce siècle turbulent, vous découvrirez l’histoire des industriel textiles Boutry-Droulers, Colombier-Batteur, Crespel, Dassonville, Barthélemy Delespaul, Descamps, Droulers-Agache, Dubois-Charvet, Flamen, Richebé, Wallaert, des chocolatiers Delespaul-Havez, Watrelot-Delespaul, des brasseurs Richebé, Watrelot-Lamblin…
Très documenté, ce récit est complété par une iconographie majoritairement inédite et des annexes – 84 tableaux généalogiques, index patronymique et toponymique -, qui feront le bonheur des férus d’histoire locale.